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TPE GLOBAL

Le rêve dans l’esthétique surréaliste 

  

Introduction.  

  

Le surréalisme est un mouvement artistique qui nait dans une période trouble, après la guerre. Les gens ont pris conscience des absurdités de celle-ci. Ce mouvement proclame le triomphe de l’imaginaire, la liberté de l’esprit, la beauté et l’amour sans entrave et explore le rêve et l’irrationnel. Breton a même dit que le surréalisme expose : « soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée […] en l’absence de toute préoccupation esthétique ou morale ». 

Partant de la psychanalyse de Sigmund Freud, les artistes de ce courant essayent de laisser s’exprimer l’inconscient, le pulsionnel et l’irrationnel et ne cherchent plus à représenter la réalité. Le surréalisme est un mouvement qui est ouvert sur le rêve, mais aussi un mouvement où les visions sont brouillées, où l’impression bizarre que les gens et les choses mêlent et inter changent. 

Comment le rêve interprété par l’art est-il au cœur de l’esthétique surréaliste ? 

Nous présenterons dans un premier temps le mouvement surréaliste dans son ensemble avant de se focaliser sur les méthodes d’écriture attachées à ce mouvement : l’écriture automatique et le cadavre exquis. Nous verrons ensuite quelle est l’influence de la psychanalyse dans l’esthétique surréaliste, et particulièrement du rêve au travers d’analyses de récits de rêves propres à ce mouvement. Nous ferons le lien entre les récits de rêve et la peinture surréaliste. Et, pour finir, nous analyserons un tableau d’une icône inéluctable de ce mouvement, Dali, qui nous permettra de faire le lien avec le cinéma surréaliste.

  

 

 

 

 

 

Le mouvement surréaliste et ses principes.  

Le mouvement surréaliste, issu du mouvement dada, apparaît tout de suite après les découvertes de Freud et semble être un courant de révolte, autant politique, philosophique, artistique que littéraire et poétique. Il connaît son apogée dans l’entre-deux-guerres, sous l’impulsion d’André Breton et de son groupe constitué entre autres de Paul Eluard, Robert Desnos, Louis Aragon, Raymond Queneau, Michel Leiris et Philippe Soupault.
Ce serait réduire la portée du surréalisme que de le ranger simplement dans l’histoire de la littérature ou même celle de l’art. En effet, dès l’origine, on peut prendre comme point de départ la publication par Breton, en 1924, du premier Manifeste du surréalisme, qui explique l’activité du groupe. L’activité du groupe surréaliste se donne pour but non pas tant de produire des œuvres originales que de construire une nouvelle vision du monde où s’aboliront les cadres de pensée mutilants de la civilisation occidentale, dont
la Première guerre mondiale a consacré la faillite : les oppositions réel/imaginaire, pensée/action, esprit/matière, conscient/inconscient (et nous nous rapprochons dès lors de la psychanalyse), rationnel/irrationnel ainsi que la coupure entre l’art et la vie prennent toute leur place dans leur réflexion.
Une des revendications majeures de ce groupe est que soit accordé à ses productions tant linguistiques (poésie, littérature) que plastique (peinture, sculpture, cinéma…), le statut de l’expérimentation scientifique, seule capable de changer à la fois le monde, l’homme et la conception que l’homme a du monde.
Cet effort légitime aussi bien l’appropriation de la pensée de Rimbaud que de Freud, qui, pour les surréalistes, ont tous les deux ouvert la voie pour une réconciliation de l’homme avec lui-même.  

 

Les méthodes surréalistes : écriture automatique et cadavre exquis  

Dans son Manifeste du surréalisme, André Breton donne cette définition de la création surréaliste : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »
Ici apparaît nettement la volonté d’éliminer de la façon la plus radicale et la plus complète toute intervention de la raison, corrompue par la civilisation, ses règles, ses principes, dans un acte d’expression qui vise uniquement et en premier lieu, le retour aux profondeurs de l’inconscient. Selon Breton toujours, il s’agit de maintenir à l’état anarchique la « bande chaque jour plus redoutable de nos désirs », en vue de s’appartenir entièrement.
Les hommes ont toujours cherché la clé qui mène à l’inconscience. Rimbaud disait même que “Je” est un autre. Les surréalistes se livrent à une écriture automatique, libre de toute contrainte, soit dans la solitude, soit en collectivité. Ils tentent par tous les moyens de se rapprocher toujours plus près de l’inconscient, de se dégager de la manière la plus complète possible des barrières de la raison, en écrivant dans un état de semi conscience, le plus proche possible de l’état d’inconscience du sommeil.
Les Champs magnétiques est un ouvrage de poésie écrit par André Breton et Philippe Soupault en mai et juin 1919 et qui met en application la technique de l’écriture automatique : les textes y sont écrits sans aucune réflexion, à différentes vitesses, sans retouche ni repenti. Les textes sont assez courts, une à deux pages en général, et en prose évidemment. Certains poètes, dont Eluard, se faisaient par exemple réveiller en pleine nuit et écrivaient immédiatement, dans les secondes qui suivaient leur réveil. André Breton ajoute que pratiquer le surréalisme ne permet pas de le délaisser à tout moment. Il semblerait agir sur l’esprit tel un stupéfiant : il créerait un état de besoin qui pourrait pousser l’homme à de terribles révoltes. Il en va pour l’homme de ces images surréalistes comme de ces images de l’opium (utilisé par certains poètes) qui « s’offrent à lui, spontanément, despotiquement. Il ne peut pas les congédier ; car la volonté n’a plus de force et ne gouverne plus les facultés ».  

Le cadavre exquis a été inventé par les surréalistes comme un jeu collectif, qui, d’après le Dictionnaire abrégé du surréalisme, est un « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles puisse tenir compte de la collaborations ou des collaborations précédentes ». A l’origine du nom de ce jeu, la première phrase composée ainsi : « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau ».                                       Le cadavre exquis est une forme poétique ludique dont les participants doivent respecter l’ordre syntaxique afin que la phrase reste grammaticalement correcte : sujet-verbe-COD-adjectif. Des dessins peuvent également être construits selon ce principe. Au milieu des années 1920, Jacques Prévert aurait proposé à ses amis surréalistes de changer les règles du jeu en suggérant d’y « écrire n’importe quoi ». Ces termes étant censés produire des « révélations ». Le cadavre exquis est un exemple des expérimentations surréalistes sur le langage, cherchant à dépasser la logique rationnelle de la compréhension pour parvenir au « fonctionnement réel de la pensée » (Breton), réalité supérieure du psychisme humain qui tiendrait compte des découvertes récentes de la psychanalyse sur l’existence de l’inconscient.  

La révolution surréaliste – Cadavres exquis (1927) Extraits :  

L’amour ornera le peuple.
Les femmes blessées faussent la guillotine aux cheveux blonds.
La colombe des branches contamine la pierre lamartinienne.
L’hippogriffe frisé poursuit la biche noire.
Le veau délicieux vidange rageusement les fesses de la crémière dans l’arrière-cour.
La grève des étoiles corrige la maison sans sucre.
Le mille-pattes amoureux et frêle rivalise de méchanceté avec le cortège languissant.
La vapeur ailée séduit l’oiseau fermé à clé.
L’arbre majestueux fait calmement une pendule majestueuse.
la guerre ornera les derniers soupirs de l’homme  

 

La place de la psychanalyse dans le surréalisme  

A première vue, les surréalistes semblent être en accord parfait avec les théories de Freud sur l’inconscient.
D’ailleurs Breton, dans son Manifeste, dit clairement « il faut rendre grâce aux découvertes de Freud ». Par là, le lien entre le mouvement artistique et la science est clairement établi. Les méthodes d’écriture automatique pratiquées chez Freud comme chez les surréalistes les rapprochent encore.  

Ils croyaient chacun à l’existence d’un inconscient dont il s’agit de prendre connaissance pour se connaître soi-même, et cela au moyen de la libre association pour Freud, ce qui revient à l’écriture automatique pratiquée par les surréalistes.
De plus, ils accordaient tous les deux une grande importance aux rêves et à l’écriture automatique, qui donnent le meilleur accès qui soit à l’inconscient.
Robert Desnos, par exemple, dans une démarche entièrement surréaliste, a fait des récits de ses rêves, ce qui dévoile de façon brute, une partie de ses profondeurs inconscientes. Le rêve, à l’état brut est producteur d’images insolites, la jonction de plusieurs réalités qui s’entrechoquent et créent la poésie, la nouveauté.
Quant à Freud, toute son expérimentation se base essentiellement sur un travail sur les rêves, les siens, comme ceux de ses patients. Certains rêves marqueront d’ailleurs des tournants dans ses recherches, comme « l’injection faite à Irma ».
Cependant, leur vision de l’inconscient les fait diverger. En effet Freud le voyait comme constitué d’automatismes, de pulsions, de désirs qui agissent à notre insu sur nos comportements et peut donner lieu à des névroses. Cette conception est fondamentalement opposée à l’art étant donné qu’elle ne laisse aucune place à la création, à la réflexion et ne peut s’accorder avec celle des surréalistes qui avaient foi en un inconscient créateur d’images poétiques, nouvelles, uniques, libérées de toute convention rationnelle, politique ou sociale.
L’inconscient semble être pour eux une source de beauté qui jaillit de l’écriture, il aurait donc une dimension artistique. D’autre part, les surréalistes ne répondent pas de leur inconscient, ils cherchent par tous les moyens, comme on l’a vu, à s’absenter de la conscience. Ils vouent un culte sans réserve à cet inconscient qu’ils considèrent comme la voie de la liberté, de la poésie, de la nouveauté.
Aussi, pour eux, moins la conscience sera présente, plus la création sera belle et neuve. Mais n’oublions pas que l’esthétique ne doit pas être recherchée, car cela entraînerait forcément l’intervention de la conscience. L’inconscient seul est producteur d’art.
Et Freud de nouveau les désapprouve. Selon lui, la partie consciente doit pouvoir répondre de la partie inconsciente. Effectivement, lors d’une analyse, la personne utilise sa conscience pour éclairer les messages de son inconscient.
Enfin, pour Freud, il n’y a pas de création si la partie consciente de l’artiste est absente, inexistante.
Nous pouvons donc observer que si les surréalistes s’inspirent des découvertes freudiennes, ils se différencient et s’éloignent bien des théories rationnelles. Nous remarquons donc que, comme dans toute l’histoire de l’art, les courants artistiques ont toujours ou presque, été en lien direct avec les découvertes de la science, ce qui est le cas pour les surréalistes.  

Pour finir, ces derniers s’inscrivent finalement dans la tradition des artistes qui ont cherché à atteindre d’autres états de conscience, qui ne sont pas forcément l’inconscience, pour « sortir des barrières de la raison » et créer des choses nouvelles.
Citons par exemple Baudelaire, Verlaine… Les surréalistes ont donc apparemment une démarche similaire à celle de leurs prédécesseurs mais ont en plus la connaissance de l’inconscient.  

  

La place du rêve dans la littérature surréaliste.  


1)
2) Apollinaire – L’hérésiarque 

 Ecrit en France en 1902, transformé ensuite en nouvelle.
Cee rêve se situe quelques pages seulement après le début de la nouvelle.  

Contexte : Le narrateur rencontre Benedetto Orfei, dit l’hérésiarque, qui lui raconte comment est survenue sa « conversion illuminatrice ». Un jour qu’il s’était occupé fort longtemps de l’hypostase (le mystère des personnes de
la Divinité), un refrain s’est imposé à lui durant sa prière, au moment de se mettre au lit (« le refrain divin »). Un rêve est alors à l’origine de son « hérésie ». Ce rêve est suivi d’une vision dans son sommeil, au cours de la nuit suivante.  


« Le refrain divin chanta dans mon âme jusqu’à l’heure où je m’endormis. Mon sommeil fut profond, et le matin, à l’heure des songes véridiques, je vis le ciel ouvert. Parmi les chœurs des hiérarchies d’Assistance, d’Empire et d’Exécution, et plus hauts que le chœur des Séraphins, qui est le plus élevé, trois crucifiés s’offrirent à mon adoration. Ébloui de la lumière qui entourait les crucifiés, je baissai les yeux et vis la troupe sainte des Vierges, des Veuves, des Confesseurs, des Docteurs, des Martyrs adorant les crucifiés. Mon Patron, saint Benoît, vint à ma rencontre, suivi d’un ange, d’un lion, d’un bœuf, tandis qu’un aigle volait au-dessus de lui. Il me dit : «Ami, souviens-toi !». En même temps, il dressa sa main droite vers les crucifiés. Je remarquai que le pouce, l’index et le majeur de cette main étaient étendus, tandis que les deux autres doigts étaient repliés. Au même instant les Chérubins agitèrent leurs encensoirs, et un parfum, plus suave que celui du plus pur des encens minéens, se répandit dans l’air. Je vis alors que l’ange escortant mon saint Patron portait un ciboire d’or, d’un travail admirable. Saint Benoît ouvrit le ciboire, y prit une hostie, qu’il divisa en trois parties, et je communiai triplement d’une seule hostie, dont le goût devait être plus exquis que celui de la manne que savourèrent les Hébreux dans le désert. Une musique ravissante de luths, de harpes et autres instruments célestes, tenus par des Archanges, se fit entendre et le chœur des Saints chanta : 

Ils étaient trois hommes  

Sur le Golgotha,  

De même qu’au ciel  

Ils sont en Trinité.  


Je m’éveillai. Je compris que ce rêve était un événement grave dans ma vie et pour les hommes. L’heure à laquelle il s’était produit ne me laissait guère de doute sur la véracité d’un tel songe. Néanmoins, comme il renversait les croyances sur lesquelles repose le christianisme, j’hésitai à en faire part au pape. »  

 

 

Il commence par faire part d’un refrain divin qui nous ouvre la porte dans son univers onirique. Il tombe dans un « sommeil profond » : il entre donc dans un rêve, dans un inconscient qu’il considéra comme révélateur. La liberté s’offre à lui avec le Paradis : des chœurs qui reviennent plusieurs fois rappellent le chant du début. Apparaissent trois allégories : celles de
la Naissance,
la Vie et
la Mort, qui font certainement allusion aux Trois Parques qui sont des divinités maitresses du sort des hommes. Il y a d’autres allusions à la religion chrétienne : Apollinaire rêve des « Vierges, des Veuves, des Confesseurs, des Docteurs, des Martyrs » 

 

Le rêve dans la Peinture 

1)     Portrait Prémonitoire d’Apollinaire par Giorgio de Chirico 

Ce tableau a sans doute eu comme titre original : Homme-cible, et n’a acquis son intitulé définitif qu’après la blessure de Guillaume Apollinaire en 1916, que De Chirico avait, en quelque sorte, annoncée. 

Ceci à cause du portrait en ombre chinoise au second plan, représenté dans une fenêtre, qui comporte sur la tempe un cercle blanc telle une cible, précisément à l’endroit où le poète sera atteint par un éclat d’obus pendant la guerre. Cette coïncidence a été déclarée comme un signe du destin par Apollinaire lui-même, mais aussi par les Surréalistes qui trouvaient chez De Chirico des facultés visionnaires. Un dessin de ce portrait a appartenu à Paul Éluard, grâce auquel l’œuvre a été diffusée au sein du groupe, tandis que le tableau, offert au poète par l’artiste, a longtemps fait partie des collections privées de ses héritiers. 

Mais ce n’est pas la prémonition de cette œuvre qui intéressa les Surréalistes : elle permet des lectures qui se superposent et s’enrichissent mutuellement. Le profil d’Apollinaire s’inspire d’un portrait numismatique, réalisé la même année par De Chirico, ce qui associe le poète à un empereur antique. Cette grandeur est nuancée par la représentation en ombre chinoise qui rappelle les lanternes magiques, ou encore les cibles qui défilent dans les jeux de tir. La statue au premier plan superpose elle aussi plusieurs images. Peinte sur le modèle de
la Vénus de Milo, elle doit être associée au poète Orphée, dont la figure est suggérée par le poisson et la conque à coté. Les lunettes noires symbolisent la cécité, ce qui, dans la mythologie grecque, est synonyme de sagesse. 

Ainsi, l’ensemble de la composition propose une « énigme », selon le mot de De Chirico, à déchiffrer par association d’idées, qui fait apparaître Apollinaire comme l’incarnation même de la poésie avec la sagesse. 

 

2)     Magritte – Alice aux pays des merveilles 

Les thèmes de l’inconscient, du rêve et de l’imagination sont omniprésents dans les tableaux de Magritte.
Pour illustrer cette idée, la toile Alice aux pays des merveilles datant de 1946 semble adaptée. En tenant compte du titre, il est facile de deviner qu’une atmosphère de rêves règne dans le tableau. En effet, le titre s’appuie sur le livre Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll relatant les aventures du rêve d’une petite fille.
De plus, la nature peinte s’appuie sur une représentation d’une nature comme on en voit tous les jours mais des éléments appartenant au domaine du rêve sont présents. Ainsi, le paysage et l’arbre empruntent des traits humains. Dans l’arbre est ancré un profil humain entouré de feuillages et sur les nuages est posée une poire renfrognée et joufflue. Les nuages accentuent l’univers onirique par leur symbolique.
Le monde recréé peut être considéré comme merveilleux. En effet, l’arbre et la poire peuvent être interprétés comme un retour à une enfance imaginée. Le merveilleux permet l’évasion dans la mesure où il excite l ‘imagination, transporte dans un monde où tout est possible. Les frontières avec le réel sont totalement abolies. Chez les surréalistes, comme Magritte, le merveilleux permet de libérer l’inconscient et permet aussi la création d’un univers onirique. 

A travers ce tableau, Magritte suggère que le fantastique est présent partout même dans la nature. Les figures de style comme la personnification renforcent l’idée de superposition des deux univers, celui du naturel et celui du surnaturel. Le spectateur hésite entre le naturel et le surnaturel et se retrouve plongé dans un univers onirique. 

 

3)     Le Sommeil de Dali 

Ce tableau est une huile sur toile de 1937, de 51 sur 78cm, et faisant partie de l’ancienne collection particulière d’Edward James. 

Le Sommeil représente un véritable monstre dont la morphologie est appuyée sur 10 béquilles. Ses yeux fermés et sa bouche entre-ouverte montre un état d’endormissement où les béquilles semblent retenir chaque partie de son visage sous le poids des rêves qui lui font froncer les sourcils et de l’oubli de la réalité. Sa tête part en avant, retenue par une béquille, et une sorte de couverture miniature recouvre une partie de sa nuque comme si le sommeil l’avait fait grandir, devenir inhumain dans le monde de l’irréel, son corps n’étant que le bout d’un drap retenu par la dernière béquille. Dans le sommeil, le corps disparaît : il ne reste que l’esprit et les pensées. 

Le visage semble ainsi allongé malgré le fait qu’il soit en hauteur ; il est détendu et calme. Sa couleur dorée ressort sur un fond bleuté qui rappelle la nuit, le ciel et le sol se confondent, plus foncés, et un horizon clair s’étend à l’infini derrière lui. Une ville se distingue à droite, mélange de doré et de blanc pour les maisons dont de la fumée sort, se confondant avec le ciel. À gauche, deux montagnes sans détails et un chien noir et blanc, endormi lui aussi. 

“J’ai souvent imaginé et représenté le monstre du sommeil comme une lourde tête géante avec un corps filiforme soutenu en équilibre par les béquilles de la réalité. Lorsque ces béquilles se brisent, nous avons la sensation de “tomber”. La plupart de mes lecteurs ont expérimenté cette sensation de tomber brusquement dans le vide, juste à la minute ou le sommeil va les gagner complètement. Réveillés en sursaut, le cœur agité par un tremblement convulsif, vous ne vous doutez pas toujours que cette sensation est une réminiscence de l’expulsion de l’accouchement.” 

Salvador Dalí 

  

 

Le Cinéma Surréaliste

Le propre même du cinéma traditionnel est de faire rêver celui qui regarde ; pourtant le surréaliste va plus loin encore en ne faisant plus aucune différence entre l’état d’éveil, le rêve et même, la folie. Le film surréaliste est souvent tourné sans scénario, et son but essentiel est de faire partager une émotion la plus sincère possible. 

C’est en 1929 que Luis Buñuel, en collaboration avec Salvador Dali, réalise le premier film surréaliste : Un Chien Andalou. Buñuel présente un univers qui ne différencie pas la folie et le rêve de l’état normal, avec aussi ce son second film : L’Age d’or (1930). Ces deux films dénoncent à la fois le cinéma traditionnel et les valeurs de la société moderne, et seront longtemps considérés comme les uniques vraies œuvres du cinéma surréaliste.  

Bien que le cinéma surréaliste ne soit pas reconnu comme un « genre » en soit, il eut une grande influence sur les films qui vinrent ensuite, comme ceux par exemple de Jean Cocteau, réalisateur français. Le Sang d’un poète (1930),
La Belle et
la Bête (1945) et Orphée (1950) présentent tous un univers surréaliste. Le cinéma d’Alfred Hitchcock, qui explore souvent la folie et les psychoses humaines, contient plusieurs passages surréalistes incluant une séquence de rêve réalisée par Dali dans Spellbound (Hitchcock, 1945).
 

 

Un Chien Andalou est considéré comme Le film surréaliste par excellence. Son scénario a été écrit en six jours par Buñuel et Dali qui travaillent sur le mode du cadavre exquis, comme l’a raconté plus tard Luis Buñuel : 

« Nous travaillions en accueillant les premières images qui nous venaient à l’esprit et nous rejetions systématiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou l’éducation. Il fallait que ce soient des images qui nous surprennent et qui soient acceptées par tous les deux sans discussion » 

Ce film dure 17 minutes et il est bien sûr en noir et blanc. Il est muet, et Buñuel y joue, dès le début. 

Dès les premières secondes du film, l’histoire qui se présentent à nous est étonnante et n’a pas de sens : un homme aiguise un rasoir sur la fenêtre tout en fumant, avec un fond de musique très enjouée. Il s’approche d’une femme immobile et lui tranche un œil, en comparaison avec des images qui montre la lune coupée par les nuages.

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Huit ans après. Des images continues de se superposer. Un homme est à vélo, dans la rue. Là, on retrouve la même femme, dans son appartement, qui semble révulsée en voyant le cycliste. Il tombe soudain sur le coté et ne se relève pas, la femme descend de l’immeuble et l’embrasse. Elle rentre chez elle et ouvre le caisson qu’il portait : à l’intérieur se trouve une cravate rayée. Elle se retourne et, nouveau passage surréaliste : un homme regarde sa main de laquelle sort des fourmis.

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Des images s’enchainent alors : ces insectes sont comparés à des poils puis à un oursin.                                                                                Dans la rue, un homme habillé en femme touche avec un bâton une main au sol. Un policier écarte la foule puis remet la main dans un caisson. Le couple observe la scène de l’appartement. Des voitures passent près de lui et à la fenêtre, l’homme semble souhaiter qu’il se fasse écraser, ce qui arrive finalement. L’homme des fourmis se retourne alors vers la femme : il commence à la toucher, elle se refuse. Nouvelle musique enjouée. Il bave en l’imaginant nue.

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Elle menace de le frapper et il se met à tirer deux cordes, auxquelles sont notamment accrochés un piano, un âne mort et deux séminaristes, dont Buñuel. Elle s’échappe et trouve dans une pièce un homme déguisé en femme de ménage et couché sur un lit. Vers 3h00 du matin, l’homme déguisé reçoit la visite d’ un autre (son « double », car c’est lui même) qui le réprimande pour avoir utilisé des habits féminines qu’il jette ensuite par la fenêtre. Il le puni, et lui met des livres dans les mains mais ces livres deviennent des pistolets et l’homme tue son double, qui tombe dans une forêt en essayant de s’agripper au dos nu d’une femme qui disparaît d’un coup.

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Des hommes le trouvent : il est mort. La musique est lente, comme une musique de fin. Retour dans l’appartement, devant la femme un papillon avec une tête de mort peinte sur le dos. Puis l’homme qui avait essayé de la toucher fait soudain disparaître ses lèvres, les remplaçant par le duvet de l’aisselle de la femme. Elle s’énerve, lui tire la langue et s’en va ; devant la maison se trouve maintenant la mer. Là, elle rencontre un jeune homme qu’elle embrasse et avec lequel elle se promène. Ils trouvent sur la plage les vêtements de l’homme déguisé en femme de ménage, puis le court-métrage se termine au printemps : le couple est mort, à moitié enterré dans le sable.

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CONCLUSION 

Pour conclure, si l’inconscient mis à jour par Freud agit à notre insu sur nos actions quotidiennes, il passe pour le seul et unique responsable du mécanisme du rêve.
Les rêves, messages codés de notre « ça », nous renseignent sur nous-mêmes, sur cette partie de nous dont nous n’avons aucune conscience et qu’il est si difficile de s’approprier. C’est ce travail d’appropriation de soi-même qui s’effectue lors d’une analyse. Lors de séances de psychanalyse, les rêves peuvent avoir leur place, puisqu’ils donnent un accès privilégié à l’inconscient. Le récit qu’en fait l’analysant donne autant d’information que le rêve lui-même, et le processus de libre association d’idées permet de mettre à jour une partie de ses significations, d’en découvrir les mécanismes et les pensées latentes.  

Les surréalistes avaient retenu des découvertes de Freud l’existence de cet inconscient et lui ont voué une sorte de culte qui s’éloigne quelque peu de la pensée rationnelle de Freud. Ils se le représente comme le plus libre et le plus créateur de tous les poètes et vise une absolue absence de la conscience afin de laisser la place le plus possible à leur partie inconsciente. Ils accordaient eux aussi une importance capitale aux rêves qui apparaissent souvent comme une source de création, une réserve d’images, ô combien libres et poétiques !
Ainsi va de leur révolte face à la civilisation barricadée, à la pensée dénaturée, le rêve, comme traduction de l’inconscient, semble être une arme pour la liberté.  

Enfin, étant donné que nos travaux se penchent essentiellement sur l’étude des rêves, nous nous somme demandé s’il existait des états similaires, sur le point de vue de la conscience, à celui du rêveur.
Nous nous sommes donc aperçues que l’état d’hypnose se rapprochait de l’état de rêve. En effet en hypnotisant, on obtient tout un aspect de la vie psychique qui n’était pas conscient, tout comme dans le rêve. On peut observer également que parfois, certaines formulations ont des effets spectaculaires sur les symptômes.  

Par exemple, une femme paralysée, après un entretien sous hypnose ramène dans le langage tous les refoulements à l’origine de sa paralysie et fait cesser les symptômes. L’hypnose est donc l’ancêtre de l’association libre : La première idée qui vient est la bonne mais une suggestion est toujours nécessaire. Le problème de l’hypnose, c’est que l’on parvient à l’état d’inconscience mais on ne sait finalement pas quoi en faire, puisque les effets de la suggestion sont toujours temporaires et disparaissent au moment de la reprise de conscience.  

  

« Dans les limites où il s’exerce (passe pour s’exercer), selon toute apparence le rêve continu et porte trace d’organisation. Seule la mémoire s’arroge le droit d’y faire des coupures, de ne pas tenir compte d’une transition et de nous représenter plutôt une série de rêves que le rêve. »  

Manifeste du Surréalisme – Breton  

 



Dali – le sommeil

Salvador Dali a dit à propos de cette peinture: « Imager pour la première fois, le découverte de Freud du rêve typique de longue affabulation argumentale conséquence de l’instantanéité d’un accident provoquant le réveil. De même que la chute d’une tringle sur le cou du dormeur provoque simultanément son réveil et un long rêve aboutissant au couperet de la guillotine, le bruit de l’abeille provoque ici la piqûre du dard qui réveillera Gala (Femme de Dali). »

Avez-vous compris? Moi j’ai mis un certain temps et je vais, pour mon plaisir, tenter de vous l’expliquer. Je tiens que vous sachiez tout de même que cela n’est que mon point de vue.

Le mécanisme symbolique: La pomme grenade dont jaillit un rouget qui lui même expulse un tigre suivi du bannissement d’un autre tigre dont sort une arme à feu muni d’une baïonnette prenant le chemin du bras de la jeune femme. Tous ce mécanisme archétypale est généré par le bourdonnement de l’abeille survolant la grenade (en bas à droite de la peinture).Le son que produit cet insecte est perçu par Gala durant son sommeil et le rêve produit cette scène afin de lui informer qu’un danger de piqûre est imminent. Le rêve de Gala exprime la crainte de la piqûre de l’abeille.
Je souhaiterai que vous me fassiez par de votre avis pour cette analyse et pourquoi pas me faire une anti-thèse.



Le mouvement surréaliste et ses principes.

Le mouvement surréaliste, issu du mouvement dada, apparaît tout de suite après les découvertes de Freud et semble être un courant de révolte, autant politique, philosophique, artistique que littéraire et poétique. Il connaît son apogée dans l’entre-deux-guerres, sous l’impulsion d’André Breton et de son groupe constitué entre autres de Paul Eluard, Robert Desnos, Louis Aragon, Raymond Queneau, Michel Leiris et Philippe Soupault.
Ce serait réduire la portée du surréalisme que de le ranger simplement dans l’histoire de la littérature ou même celle de l’art. En effet, dès l’origine, on peut prendre comme point de départ la publication par Breton, en 1924, du premier Manifeste du surréalisme, qui explique l’activité du groupe. L’activité du groupe surréaliste se donne pour but non pas tant de produire des œuvres originales que de construire une nouvelle vision du monde où s’aboliront les cadres de pensée mutilants de la civilisation occidentale, dont la Première guerre mondiale a consacré la faillite : les oppositions réel/imaginaire, pensée/action, esprit/matière, conscient/inconscient (et nous nous rapprochons dès lors de la psychanalyse), rationnel/irrationnel ainsi que la coupure entre l’art et la vie prennent toute leur place dans leur réflexion.
Une des revendications majeures de ce groupe est que soit accordé à ses productions tant linguistiques (poésie, littérature) que plastique (peinture, sculpture, cinéma…), le statut de l’expérimentation scientifique, seule capable de changer à la fois le monde, l’homme et la conception que l’homme a du monde.
Cet effort légitime aussi bien l’appropriation de la pensée de Rimbaud que de Freud, qui, pour les surréalistes, ont tous les deux ouvert la voie pour une réconciliation de l’homme avec lui-même.

les méthodes surréalistes

Dans son Manifeste du surréalisme, André Breton donne cette définition de la création surréaliste : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »
Ici apparaît nettement la volonté d’éliminer de la façon la plus radicale et la plus complète toute intervention de la raison, corrompue par la civilisation, ses règles, ses principes, dans un acte d’expression qui vise uniquement et en premier lieu, le retour aux profondeurs de l’inconscient. Selon Breton toujours, il s’agit de maintenir à l’état anarchique la « bande chaque jour plus redoutable de nos désirs », en vue de s’appartenir entièrement.
Les hommes ont toujours cherché la clé qui mène à l’inconscience. Rimbaud disait même que « Je » est un autre. Plus particulièrement, les surréalistes, dans la littérature et la poésie, se livrent à une écriture automatique, libre de toute contrainte, soit dans la solitude, soit en collectivité. Ils tentent par tous les moyens de se rapprocher toujours plus près de l’inconscient, de se dégager de la manière la plus complète possible des barrières de la raison, en écrivant dans un état de semi conscience, le plus proche possible de l’état d’inconscience du sommeil.
Les Champs magnétiques est un ouvrage de poésie écrit par André Breton et Philippe Soupault en mai et juin 1919 et qui met en application la technique de l’écriture automatique : les textes y sont écrits sans aucune réflexion, à différentes vitesses, sans retouche ni repenti. Les textes sont assez courts, une à deux pages en général, et en prose évidemment. Certains poètes, dont Eluard, se faisaient par exemple réveiller en pleine nuit et écrivaient immédiatement, dans les secondes qui suivaient leur réveil. André Breton ajoute que pratiquer le surréalisme ne permet pas de le délaisser à tout moment. Il semblerait agir sur l’esprit tel un stupéfiant : il créerait un état de besoin qui pourrait pousser l’homme à de terribles révoltes. Il en va pour l’homme de ces images surréalistes comme de ces images de l’opium (utilisé par certains poètes) qui « s’offrent à lui, spontanément, despotiquement. Il ne peut pas les congédier ; car la volonté n’a plus de force et ne gouverne plus les facultés ».

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c) surréalisme et psychanalyse

A première vue, les surréalistes semblent être en accord parfait avec les théories de Freud sur l’inconscient.
D’ailleurs Breton, dans son Manifeste, dit clairement « il faut rendre grâce aux découvertes de Freud ». Par là, le lien entre le mouvement artistique et la science est clairement établi. Les méthodes d’écriture automatique pratiquées chez Freud comme chez les surréalistes les rapprochent encore.

Ils croyaient chacun à l’existence d’un inconscient dont il s’agit de prendre connaissance pour se connaître soi-même, et cela au moyen de la libre association pour Freud, ce qui revient à l’écriture automatique pratiquée par les surréalistes.
De plus, ils accordaient tous les deux une grande importance aux rêves et à l’écriture automatique, qui donnent le meilleur accès qui soit à l’inconscient.
Robert Desnos, par exemple, dans une démarche entièrement surréaliste, a fait des récits de ses rêves, ce qui dévoile de façon brute, une partie de ses profondeurs inconscientes. Le rêve, à l’état brut est producteur d’images insolites, la jonction de plusieurs réalités qui s’entrechoquent et créent la poésie, la nouveauté.
Quant à Freud, toute son expérimentation se base essentiellement sur un travail sur les rêves, les siens, comme ceux de ses patients. Certains rêves marqueront d’ailleurs des tournants dans ses recherches, comme « l’injection faite à Irma ».
Cependant, leur vision de l’inconscient les fait diverger. En effet Freud le voyait comme constitué d’automatismes, de pulsions, de désirs qui agissent à notre insu sur nos comportements et peut donner lieu à des névroses. Cette conception est fondamentalement opposée à l’art étant donné qu’elle ne laisse aucune place à la création, à la réflexion et ne peut s’accorder avec celle des surréalistes qui avaient foi en un inconscient créateur d’images poétiques, nouvelles, uniques, libérées de toute convention rationnelle, politique ou sociale.
L’inconscient semble être pour eux une source de beauté qui jaillit de l’écriture, il aurait donc une dimension artistique. D’autre part, les surréalistes ne répondent pas de leur inconscient, ils cherchent par tous les moyens, comme on l’a vu, à s’absenter de la conscience. Ils vouent un culte sans réserve à cet inconscient qu’ils considèrent comme la voie de la liberté, de la poésie, de la nouveauté.
Aussi, pour eux, moins la conscience sera présente, plus la création sera belle et neuve. Mais n’oublions pas que l’esthétique ne doit pas être recherchée, car cela entraînerait forcément l’intervention de la conscience. L’inconscient seul est producteur d’art.
Et Freud de nouveau les désapprouve. Selon lui, la partie consciente doit pouvoir répondre de la partie inconsciente. Effectivement, lors d’une analyse, la personne utilise sa conscience pour éclairer les messages de son inconscient.
Enfin, pour Freud, il n’y a pas de création si la partie consciente de l’artiste est absente, inexistante.
Nous pouvons donc observer que si les surréalistes s’inspirent des découvertes freudiennes, ils se différencient et s’éloignent bien des théories rationnelles. Nous remarquons donc que, comme dans toute l’histoire de l’art, les courants artistiques ont toujours ou presque, été en lien direct avec les découvertes de la science, ce qui est le cas pour les surréalistes.

Pour finir, ces derniers s’inscrivent finalement dans la tradition des artistes qui ont cherché à atteindre d’autres états de conscience, qui ne sont pas forcément l’inconscience, pour « sortir des barrières de la raison » et créer des choses nouvelles.
Citons par exemple Baudelaire, Verlaine… Les surréalistes ont donc apparemment une démarche similaire à celle de leurs prédécesseurs mais ont en plus la connaissance de l’inconscient.

Récits de reve :

1)
2)
3) AppolinaireL’hérésiarque
France   1902
Genre de texte 
nouvelle
Contexte
Le rêve se situe quelques pages seulement après le début de la nouvelle.
Le narrateur rencontre Benedetto Orfei, dit l’hérésiarque, qui lui raconte comment est survenue sa «conversion illuminatrice». Un jour qu’il s’était occupé fort longtemps de l’hypostase (le mystère des personnes de la Divinité), un refrain s’est imposé à lui durant sa prière, au moment de se mettre au lit («le refrain divin»). Un rêve est alors à l’origine de son «hérésie». Ce rêve est suivi d’une vision dans son sommeil, au cours de la nuit suivante.
Texte témoin
L’hérésiarque et cie, Paris, Stock, 1910, p. 60-62.
Le refrain divin chanta dans mon âme jusqu’à l’heure où je m’endormis. Mon sommeil fut profond, et le matin, à l’heure des songes véridiques, je vis le ciel ouvert. Parmi les chœurs des hiérarchies d’Assistance, d’Empire et d’Exécution, et plus hauts que le chœur des Séraphins, qui est le plus élevé, trois crucifiés s’offrirent à mon adoration. Ébloui de la lumière qui entourait les crucifiés, je baissai les yeux et vis la troupe sainte des Vierges, des Veuves, des Confesseurs, des Docteurs, des Martyrs adorant les crucifiés. Mon Patron, saint Benoît, vint à ma rencontre, suivi d’un ange, d’un lion, d’un bœuf, tandis qu’un aigle volait au-dessus de lui. Il me dit : «Ami, souviens-toi !». En même temps, il dressa sa main droite vers les crucifiés. Je remarquai que le pouce, l’index et le majeur de cette main étaient étendus, tandis que les deux autres doigts étaient repliés. Au même instant les Chérubins agitèrent leurs encensoirs, et un parfum, plus suave que celui du plus pur des encens minéens, se répandit dans l’air. Je vis alors que l’ange escortant mon saint Patron portait un ciboire d’or, d’un travail admirable. Saint Benoît ouvrit le ciboire, y prit une hostie, qu’il divisa en trois parties, et je communiai triplement d’une seule hostie, dont le goût devait être plus exquis que celui de la manne que savourèrent les Hébreux dans le désert. Une musique ravissante de luths, de harpes et autres instruments célestes, tenus par des Archanges, se fit entendre et le chœur des Saints chanta :
Ils étaient trois hommes
Sur le Golgotha,
De même qu’au ciel
Ils sont en Trinité.
«Je m’éveillai. Je compris que ce rêve était un événement grave dans ma vie et pour les hommes. L’heure à laquelle il s’était produit ne me laissait guère de doute sur la véracité d’un tel songe. Néanmoins, comme il renversait les croyances sur lesquelles repose le christianisme, j’hésitai à en faire part au pape.

CONCLUSION :

Pour conclure, si l’inconscient mis à jour par Freud agit à notre insu sur nos actions quotidiennes, il passe pour le seul et unique responsable du mécanisme du rêve.
Les rêves, messages codés de notre « ça », nous renseignent sur nous-mêmes, sur cette partie de nous dont nous n’avons aucune conscience et qu’il est si difficile de s’approprier. C’est ce travail d’appropriation de soi-même qui s’effectue lors d’une analyse. Lors de séances de psychanalyse, les rêves peuvent avoir leur place, puisqu’ils donnent un accès privilégié à l’inconscient. Le récit qu’en fait l’analysant donne autant d’information que le rêve lui-même, et le processus de libre association d’idées permet de mettre à jour une partie de ses significations, d’en découvrir les mécanismes et les pensées latentes.

Les surréalistes avaient retenu des découvertes de Freud l’existence de cet inconscient et lui ont voué une sorte de culte qui s’éloigne quelque peu de la pensée rationnelle de Freud. Ils se le représente comme le plus libre et le plus créateur de tous les poètes et vise une absolue absence de la conscience afin de laisser la place le plus possible à leur partie inconsciente. Ils accordaient eux aussi une importance capitale aux rêves qui apparaissent souvent comme une source de création, une réserve d’images, ô combien libres et poétiques !
Ainsi va de leur révolte face à la civilisation barricadée, à la pensée dénaturée, le rêve, comme traduction de l’inconscient, semble être une arme pour la liberté.

Enfin, étant donné que nos travaux se penchent essentiellement sur l’étude des rêves, nous nous somme demandé s’il existait des états similaires, sur le point de vue de la conscience, à celui du rêveur.
Nous nous sommes donc aperçues que l’état d’hypnose se rapprochait de l’état de rêve. En effet en hypnotisant, on obtient tout un aspect de la vie psychique qui n’était pas conscient, tout comme dans le rêve. On peut observer également que parfois, certaines formulations ont des effets spectaculaires sur les symptômes.

Par exemple, une femme paralysée, après un entretien sous hypnose ramène dans le langage tous les refoulements à l’origine de sa paralysie et fait cesser les symptômes. L’hypnose est donc l’ancêtre de l’association libre : La première idée qui vient est la bonne mais une suggestion est toujours nécessaire. Le problème de l’hypnose, c’est que l’on parvient à l’état d’inconscience mais on ne sait finalement pas quoi en faire, puisque les effets de la suggestion sont toujours temporaires et disparaissent au moment de la reprise de conscience.



Un parc

Voici un poème que j’ai écris il y a peu de temps… Laissez vos impressions en laissant un commentaire.

photoparc32medium.jpg

Elle se promène un pas derrière l’aube le long des genévriers
Le regard voilé, les paupières lourdes la dame aux cheveux de neige
Sa main noueuse entre les branchages joue un invisible arpège
Traversant les fleurs qui s’inclinent sans guère se faire prier

Un fauteuil l’attend qui s’allonge paresseusement entre caché
D’herbes hautes. Elle se pose. Un plaid négligeant couvre à demi
Ses jambes encore fines. Veines creuses d’un fleuve rouge tari.
Un chiot au fond du parc gémit doucement, si souvent attaché.

Sur ses genoux un livre au cuir fatigué, les pages un peu fantômes
Qui suintent des mots usés au long de caractères à demi disparus
Sous le poids des saisons centenaires qui leur servent de dôme.
Ses souvenirs doucement l’assaillent. Depuis longtemps, elle ne lit plus

Le lendemain matin sous la fine bruine des enfants la découvre
Sur ses doigts danse sans fin une coccinelle aux reflets noirs
Ses lèvres glacées d’un sourire amusé semblaient se jouer du soir
La petite bête enfin s’arrête et s’envole. Pour elle aussi les ailes s’ouvrent



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